Introspection d'une fan

Je suis allée sur le Blog de Geneviève Petit, auteur de la "Face cachée de la Starac", et je suis tombée sur le témoignage d'une fan... Je ne sais, si ce sujet va vous intéresser, mais quelques points sont assez bouleversants !
Le texte est très long, alors, je ne vous mettrais que ce qui a retenu mon attention...

Introspection d'une fan
Une lectrice de mon livre est allée sur ce blog, et a laissé un message, pour que je la contacte. C'est une personne qui a mené pendant trois ans la vie de fan. Après lui avoir parlé par téléphone, je lui ai envoyé une liste de questions par mail. Une nuit plus tard, voici les réponses, qui m'ont serrée à la gorge...Je mets ici le début.
Geneviève Petit

Avec le recul, pourquoi vous êtes vous à ce point intéressée à ce phénomène ?

... Septembre/Octobre 2002, je suis donc en fac d'Histoire, parce que je pensais pouvoir en faire quelque chose de ma passion pour l'histoire, seulement je me rends compte que je suis vite limitée. L'émission star ac fonctionne bien. En rentrant le soir je vois ces jeunes avec leurs rêves. Moi mon rêve, c'est pas d'être Star Ac, ça ne l'a jamais été. Mon rêve, si on peut dire ça comme ça, c'est de pouvoir me nourrir d'écriture, écrire pour vivre, vivre pour écrire. Seulement c'est quelque chose qu'on ne peut pas marquer sur les fiches d'orientation qu'on nous fait remplir au collège et au lycée, et il n'y a pas d'études pour cela.
Je constate qu’on m’a pendant vingt ans imposé le moule qu’on avait fait pour moi. A aucun moment dans ma vie on ne m’a demandé : « Et toi, tu veux faire quoi vraiment ? Vas y décides… » Il n’y a pas de baguette magique pour avoir sa vie. Je n’ai jamais voulu vivre dans un conte de fées. Avoir la liberté de faire ce que je veux par contre oui… En France, on nous éduque dans un système avec tellement de limites… Il faut aller à l’école, avoir son Bac, faire des études, se marier, faire des enfants et reproduire le schéma… Mais l’individu concrètement il a sa place où dans le collectif ???
Juillet 2002, j’ai eu mon bac je venais de remplir à moitié le contrat qu’ont tout ces enfants nés dans les années 80, avec leur 80% de réussite au BAC… Oui et alors ? Il y a quelques jours je lisais : ’’Beaucoup d'étudiants qui sont entrés cette année à l'université sont nés en 86 (l'année de la mort de Coluche). Pour eux, le sida et le chômage ont toujours existé.’’
C'est un terrible constat. On ne sait plus protéger notre vie. En décembre des collégiens m'expliquaient qu'ils fêtaient le SIDA, pensant que si on célébrait les 10 ans du SIDA, ça devait se fêter. Le SIDA est pourtant une maladie incurable faisant des millions de morts, on l'oublie trop souvent, au point qu'on confond célébration et fête. Des fois on réagit et puis, ça devient banal. La liberté on a l'impression que c'est normal de l'avoir. Que la présence des policiers à chaque coin de rue nous sécuriserait. Mais de quoi ? De qui ? De la société dans laquelle on tente de survivre malgré nos privilèges d'occidentaux? Que laissera-t-on en héritage à nos arrières petits enfants comme monde ?

A quoi le compareriez vous ?

Je pense que cela se rapproche au phénomène religieux des sectes.
On ne devient pas fan sans raison. On devient fan dans un moment où on est fragilisé dans notre vie. Certains tombent dans la drogue, l’alcool… On devient fan tout simplement en allumant sa télé naïvement… Pourquoi ne devient-on pas fan d’un membre de sa famille par exemple ? Etre fan peut s’apparenter à une étape de construction identitaire dans laquelle on est obligé de passer un jour ou l’autre. Un enfant pense qu’il est le reflet de ses parents, l’ado se détache de ses parents et se compare à un idéal qui l’a touché, ému et qui pourrait lui ressembler… Quel lecteur ne s’identifie pas à un moment ou un autre à un personnage du roman qu’il lit ?
Etre fan c’est pareil à un moment, un élément même minime peut procurer cette identification… Et la machine STAR ACADEMY a très bien compris cela, c’est d’ailleurs ce qui fait la base de ce concept. Tout comme un gourou cherchera la faille chez son adepte afin de le manipuler à sa guise…
J’ai clairement mis une définition au mot FAN en ouvrant un manuel de psychopathologie, dans les diverses définitions de psychoses. Je suis tombée sur cette définition :
... Le sujet vit une longue phase d’espoir, faite d’attente et de poursuite, de lettres, d’appels téléphoniques, de cadeaux. Si l’objet de cette quête exprime clairement son indifférence ou son hostilité, la certitude d’être aimé n’en est pas entamée. Avec le temps, à l’espoir succède une phase de dépit puis de rancune où les sollicitations deviennent des injures ou des menaces avec risque de passage à l’acte contre la personne aimée ou son conjoint.
ça a le mérite d'être clair. Voilà ce que c'est aussi le fanatisme.
NB : En ce qui me concerne je peux dire que ne reconnaissant pas dans cette définition je ne me considère PAS comme fan. Je suis public, je n’idolâtre pas, je respecte l’artiste… C’est peut -être une question de mots dont la nuance est fine… Les conséquences et les limites par contre représentent un monde.

Avez vous rencontré certains élèves de la SA ?

Oui à diverses occasions… Ma première rencontre avec un ancien pensionnaire du château fut celle avec Jenifer quand elle est venue donner un concert dans la ville où je réside, mais surtout dans la salle dans laquelle je travaillais depuis deux ans. C’était un soir de novembre 2002. Je n’ai jamais eu aussi peur de ma vie : la foule, les gens, l’hystérie. En arrivant pour prendre mon poste, deux heures avant le début du concert, un technicien de la salle m’a pris et m’a mise direct entre les barrières...
...Nous évacuions les enfants de la foule qui bousculait afin de passer au plus vite alors que nous n’avions pas ouvert les portes d’entrée de la salle. Je récupérais des gamins paniqués, j’étais effrayée… Qu’avions-nous fait de l’artiste dans cette émission de télévision populaire ? A la fin du concert, j’ai assisté à la sortie côté artiste. Les gens bousculaient les enfants des autres afin de toucher Jenifer, obtenir un autographe, les enfants pleuraient, soit parce qu’elle avait touché leur main, soit parce qu’elle ne l’avait pas fait… La joie se mélangeait à la détresse…
... Je réalisais que les personnes ayant évolué dans mon téléviseur lors des quotidiennes et prime du samedi soir existaient bel et bien en 3D et qu’on les traitait comme du bétail, finalement sans aucun respect… Tant au niveau de la production qui leur donnait l’illusion d’avoir une vie d’artiste et d’accéder à leurs rêves que le public.
Seulement je croyais (et crois encore) en l’art, au talent, à la musique… Je suis admirative des auteurs, des compositeurs, des musiciens, des chanteurs, des techniciens qui dans l’ombre, ou dans la lumière apportent aux gens un bonheur, procurent des émotions, des sourires, des larmes, des émotions quelles qu’elles soient. Je passais de l’autre côté, celui du spectateur… En avant et bienvenue dans l’univers FAN.

Avec les autres fans, dialoguez vous par e-mail ou vous rencontrez vous aussi physiquement ?

... Avec l’essor d’Internet il est évident qu’il y a un réel impact et poids du net.
La production sait en jouer également, frais en moins niveau communication...
... En créant des sites et des forums on répond à une demande d’information sur l’artiste… Même les sites généralistes sont lus par des NON FANS mais qui suivent quand même l’émission…
Sur le forum d’artiste, un coin camouflé cache souvent une zone pour les fans, et les gens parlent se livrent et se confient énormément… Pourtant rationnellement c’est du virtuel et on parle à des gens que l’on ne connaît pas. Pour être passée de l’autre côté et avec du recul je me dis que c’est que les gens dans leur quotidien doivent souffrir drôlement pour se livrer ainsi publiquement sur le net et ne pas savoir parler à son voisin de pallier pourtant si près. Je me pose des questions concernant l’état de notre société… et des questions au niveau psychologique et social aussi. C’est inquiétant tant pour les enfants d’une dizaine d’années, entrant dans la pré adolescence et dans la construction de soi, que pour les mères de familles qui d’un coup craquent pour un beau jeune homme dans le petit écran, que la grand-mère qui fait de ses académiciens le petit enfant idéal alors que les leurs galèrent dans leurs études, pour trouver du travail, un partenaire avec qui construire une vie, une famille… Cela paraît si simple dans notre télévision… et pourtant…
Il y a souvent des guerres de sites, qui se produisent et reproduisent au fil des ans...
... Malheureusement trop de sites utilisent les fans pour obtenir une crédibilité auprès de l'artiste afin d'être en relation avec, se fichant complètement des centaines voir des milliers de pseudo membres du site. J'ai souvent vu des gens dirent : Je suis de ce site. Rien que pour que l'artiste change de comportement. Sans site l'artiste est mal, très mal...
... Certains veulent les exclusivités, en photos, rencontres avec l'artiste qui par le biais de la télé réalité est devenue sa chose dans son salon
Pour rappel personne ne nous demande de créer un site, s'occuper d'un forum. Mais chez les fans faut avoir la mémoire courte pour survivre dans un rêve préfabriqué.
Bienvenue dans l'univers impitoyable des fans.

......

Voilà ! je sais qu'on ne peut pas mettre toutes les téléréalités dans le même "panier", mais ce texte m'a profondément émue, car il y a beaucoup de similitudes que j'ai vécu, étant webmaster d'un site consacré à un élève Starac..

Pourquoi ?... parce qu'elle a eu le courage de le dire ?... ou parce qu'elle écrit bien ?

mimietitou a écrit:

Pourquoi ?... parce qu'elle a eu le courage de le dire ?... ou parce qu'elle écrit bien ?

car elle a trouvé les bons mots

C'est vraiment très bien écrit

Oui mais c'est surtout le fond qui est le plus interessant...

Il est un fait avéré que certains ont l'art de manipuler ou utiliser les admirateurs( je deteste le mot fan) d'un artiste ou d'une personnalitée quelle ,quelle soit au fin de leur propre satisfaction parfois multiple.

Quand au fait des forums qui distillent les épanchements divers de leurs utilisateurs, oui c'est un fait, étant le premier a l'utiliser..

cela n'empeche point d'avoir une vie non virtuelle... et de partager avec d'autres ,dans une vie bien ancrée dans le réalisme.

Parfois c'est bien de partager avec des personnes que l'on ne connais pas encore physiquement mais que parfois on rencontre plus tard..

Et puis souvent cette belle technologie permet pour les gens tres éloignés géographiquement de rester en contact

Cela permet de se rencontrer et de s'enrichir au contact "virtuel de l'ecran" avec des gens tres souvent tres interessant...

toutes choses a ses coté pervert ou trouble, à nous de savoir faire la part des choses et de savoir les utiliser.

Moi aussi j'ai ete webmaster d'un site d'acteur et cela m'a permis de rencontrer des participant du forum .. c'est cela le plus enrichissant

et oui cela a permis aussi à ces gens de rencontrer leur acteur préferé , quand à moi et mon ami qui s'occupe maintenant de ce site!! nous n'en n'avions pas besoin nous le connaissions déja..

Phil

J'ai également fait la connaissance de personnes grâce au forum que j'administre... et plusieurs rencontres en concert se sont organisées...
Cela donne un plus, à notre sortie... car on peut en discuter tout de suite après ! mais ça n'a jamais dépassé ce stade...
On peut avoir des affinités avec certains membres plus que d'autres, mais ça ne reste que de la correspondance...
Sinon, en ce qui concerne la "fan attitude", il est vrai, pour l'avoir vécue moi-même, que l'on traite bien souvent l'artiste comme du "bétail"... sans respect aucun... ! et je trouves cela déplorable...
L'artiste a besoin de ses fans, pour sa carrière, mais il y a certains comportements qui me laissent dubitatives...
J'ai moi aussi été obligée de protéger un enfant que sa mère tenait par la main, et que la foule écrasait à l'ouverture des portes... pour avoir la meilleure place...
Ce témoignage nous permet d'avoir un regard sur la téléréalité d'une part, mais aussi sur les fans...
J'ai trouvé son texte intéressant, et j'invite chacun à le lire... car, même si cela parait évident pour certains, ça ne l'est pas toujours pour d'autres...