Paléo Festival 2006

*** Nombre de messages : 2169 Date d'inscription : 15/05/2005

Paleo Festival 2006, à Nyon
Sang show au paleo

Du 18 au 24 juillet 2006, le Paléo festival a une nouvelle fois fait vibrer la petite ville de Nyon, là où les hommes chassent désormais les stars et les rêves de gloire, les promesses d’extase et les billets de concert.

par Daniel Kall | le Lundi 31 juillet 2006

Festival millésimé tel un grand cru, le Paléo a cette année encore déroulé le tapis rouge à une programmation tenant toutes ses promesses. Mais le Paléo c’est avant tout un chemin de croix qui trouve ses origines bien avant le début des festivités. Comme Superman, il est ainsi préférable d’être armé de supers pouvoirs puisque tout commence dès mars lors de la mise en vente des billets. Et alors mieux vaut être doté d’une patience à toute épreuve. Tous les points de ventes sont pris d’assaut et les précieux sésames s’écoulent en trois jours à peine. Au temps de Chaplin c’était la ruée vers l’or, de nos jours on se rue à la Fnac. Chacun son truc. Les files d’attente enflent et se mesurent en heures. Lorsque le festival s’approche enfin, c’est sur l’autoroute que les festivaliers impatients partagent l’excitation pré-festivalière et découvrent ensemble les premiers émois de la promiscuité en passant de très longues minutes sensuelles pare-choc contre pare-choc, à attendre sur une bande d’arrêt d’urgence. Fans et femmes au bord de la crise de nerfs. Ambiance très hot garantie, presque au bord de l’asphyxie puisque chaque véhicule non climatisé compte une température ambiante qui frise souvent les 40°C. L’éternité est un jour, nous disait Theo Angelopoulos, mais parfois quelques minutes suffisent.

Ensuite mieux vaut ne pas être claustrophobe. Victime de son succès, le Paléo est une immense fournaise à ciel ouvert où chaque mètre carré est un luxe à sauvegarder. Surtout sous le chapiteau qu’il faudrait peut-être penser à agrandir pour les prochaines années. Mis à part ces petits désagréments propres aux grands événements, le Paléo reste la manifestation romande la plus importante de l’année. En cet été de canicule, les artistes du Paléo ont insufflé une vague de chaleur supplémentaire sur les 225.000 spectateurs qui se sont pressés durant six jours et six nuits afin d’évacuer leur vague à l’âme. Parmi les 120 spectacles à l’affiche de cette 31e édition, certains artistes étaient plus attendus que d’autres. Après toutes ces épreuves endurées, les vivats de la foule en délire pouvaient alors commencer à résonner. Ainsi dès l’ouverture et en plein cagnard, Dionysos (photo) enflammait les 30.000 spectateurs amassés devant la grande scène, alors que Cali assurait le spectacle avec son traditionnel crowd surfing et que la chanteuse Anaïs faisait littéralement déborder le Club Tent les deux soirs où elle s’est produite. Dans la chaleur de la nuit, premiers instants de feu sous un ciel de plomb.

En ce qui concerne les moments d’anthologie, il y avait bien évidemment le concert des Who (photo ci-contre) avec un Roger Daltrey au top, et dieu que ça sentait bon les seventies. Voir un groupe mythique c’est comme une Eurocard Mastercard, ça n’a pas de prix ! Ce genre de groupe c’est comme les Stones, ça ratisse large, très large ! Du môme de seize ans au vieux fumeur de pétard devenu cadre à la quarantaine passée en passant par la mamie déjantée toute de cuir vêtue. Trois générations de fans étaient présentes ce soir-là.

Pour Depeche Mode ce n’est pas une histoire de générations mais d’affluence. Ils peuvent se vanter d’avoir attiré près de 35.000 spectateurs venus assister à la performance d’un Dave Gahan (photo) nous gratifiant d’un mélange d’anciens et de nouveaux tubes avec l’énergie d’un lion en cage, au contraire des Pixies qui, à défaut d’être navrants ont été plutôt désespérants, en tout juste quarante-cinq minutes… Statues figées, comme clouées sur le plancher, le groupe n’avait d’énergique que son nom. Pour le reste c’est un zéro pointé avec une communication inexistante envers le public. Déception également pour Diam’s qui, malgré un bon concert et une présence indéniable nous a livré un show qui a laissé certains fans dubitatifs. Durant plus d’une vingtaine de minutes, elle s’est amusée à reprendre sous forme d’hommage les tubes de ses amis rappeurs, finissant chaque chanson au bout de trente secondes, ce qui avait le don d’en exaspérer plus d’un. Reste à savoir si cela n’avait pas un lien avec les droits d’auteur, puisque au-delà de ce délai, artistes et radios sont obligés de verser une cotisation à la Sacem. Le débat reste ouvert. Cette malheureuse tentative n’a pas permis à son public de se mettre vraiment en jambe. Dommage !

Pour les autres, comme pour Ben Harper, c’est un carton plein puisque depuis son premier passage en 1994, il a encore fait chavirer le public avec ses tubes d’hier et d’aujourd’hui pour finir son set sur Better Way, issu de son dernier opus Both Sides Of The Gun. Sous un chapiteau au bord de l’asphyxie, Ziggy Marley a délivré son message d’amour et de paix avec les titres de son dernier album Love Is My Religion. Loin du Peace and Love et du pouvoir des fleurs, les américains de The Dandy Warhols ont posé avec leur rock alternatif un regard curieux et désabusé sur les Etats-Unis. Placebo, pour sa part, a depuis son premier passage au Paléo perdu un peu de cette fraîcheur de ses débuts. Même si le concert fut excellent, on a vraiment envie de voir Brian Molko essayer de retrouver l’enthousiasme des premières heures, que ce soit avec son public ou avec lui-même.

Malgré tout, le Paléo aura réussi, tout comme les fortes chaleurs, à nous faire transpirer grâce à une programmation résolument tournée vers le rock. En effet, du haut de ses 31 ans, le festival a su rester un événement jeune qui sait vivre avec son temps.
Crédits photo: Lionel Flusin

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Source : MusiQualité

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